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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Je pense qu’il sera remis cette semaine à l’imprimeur.

— Bravo ! et ce sera un livre important ?

— Deux cents pages environ. C’est suffisant pour qu’il ne soit ni fastidieux, ni fatigant. J’ai réuni les meilleures pièces propres à prouver le rôle de notre diplomatie secrète dans la préparation de la guerre.

— Le rôle de Poincaré y est-il mis en évidence ?

— Il est impossible qu’il ne le soit pas. Notez que je n’ai pas à commenter. C’est inutile. Il suffit de mettre, sous les yeux du lecteur, les pièces diplomatiques elles-mêmes.

— C’est parfait.

Tout en causant, le Colonel feuilletait le manuscrit qu’il avait apporté.

Vous comprenez que c’est le meilleur système, et qui ne peut être accusé de partialité. De 1911 à 1914, la culpabilité de la France et de la Russie saute aux yeux. Il est évident que cette culpabilité n’efface pas les autres, celle de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Serbie. Mais devant de telles preuves, il ne peut plus être question d’une culpabilité unique, et dès à présent nous pouvons dire que la révision du traité de Versailles s’impose.

Le général Delmas qui jusque là avait écouté en silence, crut devoir intervenir.

— Je ne suis pas de votre avis, Colonel. J’estime la chose jugée. Qu’il y ait des responsabilités secondaires, je veux bien l’admettre. Mais la culpabilité de l’Allemagne est indiscutable. On ne peut nier que le Kaiser et sa Maison Militaire désiraient la guerre.

— C’est possible, Général. Mais on ne part pas en guerre comme on part en voyage. Il est de l’intérêt de tous les gouvernements, quels qu’ils soient, de persuader à leurs peuples qu’ils étaient attachés au maintien de la paix, et que les fautes d’agression n’ont pas