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LA NOUVELLE ÉQUIPE

été commises par eux. Le Kaiser subissait la loi commune. Il était obligé de prendre une attitude modérée. La faute de notre gouvernement fut d’attiser ses griefs et de lui fournir des motifs. Puisqu’on connaissait son esprit militariste, il eût fallu, au contraire éviter tout ce qui pouvait l’exciter.

— Mais enfin cette agression contre la Belgique, au mépris des traités…

— Je vous arrête. Cette agression était prévue dès 1912.

— Oh ! prévue…

— Écoutez, plutôt, ce passage d’un rapport de Sazonof au Tsar, rapport daté du 4 août 1912.

Le Colonel avait tiré une feuille de son manuscrit. Il lut :

« Les relations entre la France et l’Angleterre ont été, entre M. Poincaré et moi, l’objet d’un échange d’idées d’une franchise particulière.

« Après avoir fait remarquer que, dernièrement, ces relations, sous l’influence de la politique agressive de l’Allemagne envers la France, avaient pris un caractère d’intimité toute particulière, le premier ministre français me confia que, quoiqu’il n’existât entre la France et l’Angleterre aucun traité écrit, les états-majors des armées de terre et de mer des deux États étaient néanmoins en étroit contact, et s’informaient sans cesse réciproquement, avec une entière franchise, de tout ce qui pouvait les intéresser. Cet échange continu d’idées a eu pour résultat la conclusion entre les gouvernements français et anglais, d’une convention verbale en vertu de laquelle l’Angleterre s’est déclarée prête à porter secours à la France, par les forces de terre et de mer, dans le cas d’une attaque de la part de l’Allemagne. Sur terre, l’Angleterre a promis de seconder la France par l’envoi d’un détachement de 100.000 hommes à la frontière belge, pour repousser