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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Mère ? répondit d’en bas une voix d’homme.

— Le Général n’est pas avec vous ?

— Il est parti chercher des cigares ; il sera de retour dans un instant.

— Vous pourrez le faire monter, Jeanne l’attend.

— Nous monterons dès qu’il sera revenu… tenez, le voici, je reconnais son pas.

Mme Delmas revint près de sa fille.

— Ils vont venir, dit-elle.

— Mère, le berceau remue, le petit va se réveiller.

En ce moment, des voix d’hommes se firent entendre dans l’escalier.

— Voilà papa, dit Jeanne, les yeux vers la porte. Le général Delmas et son gendre, Maurice Bournef, pénétraient dans la chambre.

— Bonjour, ma fille, fit joyeusement le général, sans quitter pourtant son ton de commandement.

Puis, s’approchant du lit, il mit un baiser sur les joues de la jeune mère.

— Et toutes mes félicitations, sais tu bien ; tu as su faire une chose dont j’ai été moi-même incapable. Pourtant, Dieu sait si j’ai désiré un fils.

— Et tu n’as eu qu’une fille dit avec enjouement l’accouchée. Pauvre père, va !…

— Bah ! je ne dis pas cela pour me plaindre. Tu n’as pas été accueillie à regret, ma fille, puisque tu étais la première. Mais la fille n’eut pas empêché le fils.

Le visage de Mme Delmas s’était assombri. Ce regret d’un fils elle l’avait partagé, pour des raisons certes bien différentes de celles de son mari. Mais, deux ans après la naissance de Jeanne, elle avait fait une fausse couche si mauvaise que par la suite tout espoir d’une nouvelle maternité lui avait été enlevé.

Cependant, le général s’était tourné vers le berceau.