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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Brusquement, Léon éclata.

— C’est vrai, dit-il, je l’oubliais. Le premier acte de la mobilisation, c’est la suppression de la liberté.

— Donnez-moi toujours votre copie, fit Rémy sans répondre à la phrase de Léon.

— Est-ce la peine, dans ces conditions ?

— C’est la peine, mon cher ami, dit gravement Maurice. Qu’il ne soit pas dit que nous n’avons pas fait, jusqu’au dernier moment, appel à la conscience et à la raison.

Puis tendant au rédacteur de l’Humanité l’article qu’il avait écrit avant de quitter Triel, Maurice ajouta :

— Voici notre papier. Vous verrez s’il peut passer. Il est bien entendu que nous vous laissons juge. Nous ne voudrions pas être pour vous une source d’ennuis.

Quelques instants plus tard, les deux frères prenaient congé de Jean Rémy.

— Et maintenant, où allons-nous, Maurice ? demanda Léon quand ils se retrouvèrent rue Montmartre.

Maurice ne répondit pas tout de suite. Avidement il regardait le café du Croissant, devant lequel des passants s’étaient arrêtés, surveillés par quatre agents en faction.

— Il n’y a pas vingt-quatre heures encore, murmura-t-il, un homme est entré là, qui personnifiait tous nos espoirs. Et maintenant je crains bien que tous nos espoirs ne soient morts avec lui.

Puis brusquement :

— Écoute, Léon, rentrons chez nous. Je ne me sens plus le courage d’aller nulle part. Il faut réfléchir à présent. Il n’y a plus d’alternative, la question est posée.

— Maurice, que veux-tu dire ?

— Tu le sais bien. Il n’y a plus qu’une seule question : partir ? ne pas partir ?