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LA NOUVELLE ÉQUIPE

intérieure. Henriette seule réussissait à rendre à ses traits leur ancienne confiance.

— Vous êtes mon étoile, lui dit-il un jour qu’ils étaient seuls. Je suis sensible, croyez-le, à la sympathie que me témoignent les vôtres ; mais vous seule me comprenez vraiment.

Le jour de l’an passa. Le 4 janvier le jeune instituteur décida de se rendre à une importante réunion organisée à la maison des Syndicats, rue de la Grange-aux-Belles. Les principaux chefs du Communisme y devaient exposer leurs théories, et soutenir la contradiction de leurs adversaires.

Il était minuit et demi quand le jeune homme rentra à la maison des Bournef, à Ville-d’Avray. Jeanne ne s’était pas couchée pour l’attendre, et ce fut elle qui lui ouvrit. Elle fut frappée, dès le premier regard, par le bouleversement de ses traits.

— Mon Dieu, Monsieur Émile, que s’est-il donc passé ? s’écria-t-elle.

— Des choses affreuses, Madame, répondit le jeune homme en serrant fiévreusement la main de Jeanne.

Elle le fit entrer dans le cabinet de travail, l’obligea à s’installer dans un fauteuil, s’assit près de lui.

— Voyons, mon enfant, dit-elle, racontez-moi ce qui vous bouleverse ainsi.

— Les scènes que j’ai vues, chère Madame. Jamais je n’aurais cru cela possible. Ah, voyez-vous, cette guerre qui a passé sur nous a réveillé tous les instincts de violence de la vieille bête humaine, et maintenant les hommes ne savent plus mettre un frein à leurs passions.

Il se tut. Comprenant qu’il avait besoin de se ressaisir, Jeanne respecta son silence. Enfin, un peu calmé, il entreprit le récit des événements auxquels il avait fait allusion.

La réunion de la Maison des Syndicats s’était révélée,