l’avait dirigé vers un établissement de fous de la Seine-et-Oise, en attendant les formalités de son transfert dans un établissement de l’Isère.
Lorsque Jean eut terminé son récit, tous se regardèrent consternés.
— C’est grave, dit enfin Maurice. Si l’on n’agit pas rapidement pour le tirer de là, le malheureux est perdu.
— Mais que faire, dit Jeanne ?
— Il faut voir un avocat, conseilla Jean.
— Vous avez raison, approuva Maurice. Il faudrait aviser de l’affaire notre ami Bourdeau, qui pourrait voir immédiatement l’avocat-conseil de la Bourse du Travail.
— Je vais lui écrire tout de suite, déclara Jeanne.
Henriette à son tour proposa d’essayer une visite au jeune homme.
— Si tu allais le voir, maman ; cela lui rendrait courage.
— Mais me recevra-t-on ?
— Écrivez au directeur de l’asile, dit Jean. Il est possible qu’il vous autorise à y aller.
Quelques jours plus tard le directeur de l’asile du Perray annonçait que les membres de la famille étaient seuls autorisés à voir les malades. Il ajoutait que le jeune Pagnanon était dans un état satisfaisant, très calme, qu’il dormait bien et mangeait bien.
— Parbleu ! dit Maurice. Voilà un bulletin qu’il faut conserver.
La semaine suivante, Jacques Bourdeau se présenta accompagné de l’avocat-conseil qui avait bien voulu faire une enquête.
— Nous sommes en présence d’un cas assez compliqué expliqua-t-il. Émile Pagnanon a été arrêté le 1er mai. Au cours d’une bagarre, il a reconnu être l’auteur d’un bris de glace pour lequel un agent venait d’arrêter une femme qui protestait. Il a été envoyé