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LA NOUVELLE ÉQUIPE

à la gare Montparnasse, et se donnaient rendez-vous à Ville-d’Avray pour le lendemain.

Après trois semaines passées en Charente, Henriette et Jeanne étaient rentrées à Paris, pour réorganiser leur vie dans la maison d’autrefois. Elles voulaient que tout le travail d’installation fut terminé pour la fin du mois ; époque à laquelle on attendait le retour d’Hélène et Pierre avec les deux enfants.

Ce fut pour eux tous une journée heureuse que celle qui les réunit dans cette maison qui leur était chère à des degrés divers. Éliane et l’aveugle, eux aussi, bien isolés depuis ces quatre dernières années, voyaient avec satisfaction le retour vers eux de cette famille aimée. Liane et Rolf ne tarissaient pas de l’échange et du rappel de leurs souvenirs. Hélène et Pierre, un peu graves et recueillis devant l’imminence de la séparation, n’en étaient pas moins rayonnants de la profonde joie de leur tendresse avouée et triomphante. Le retour de Jean avait éclairé d’un bonheur semblable les yeux d’Henriette, et Jeanne savourait la joie de réunir autour d’elle cette jeunesse si chère à son cœur.

Alexandre Didier lui-même se sentait heureux. Il lui semblait être moins seul. Brusquement, en se retrouvant au milieu d’eux tous, il avait compris que sa famille d’élection était là.

— Chère amie, avait-il dit à Jeanne, savez-vous bien que vous avez presqu’un troisième fils.

Sans répondre elle lui avait serré la main.

La joie de revoir Rolf avait été grande aussi pour lui. Il avait pour cet enfant une affection tendre. Il retrouvait en lui quelques-uns des traits maternels, et, lorsque la voix de l’enfant se faisait affectueuse, certaines inflexions de la voix de Frida. Mais ce qu’il aimait en lui c’était toute la morte. L’enfant n’était-il pas, près de lui, sa présence continuée, la certitude de sa tendresse, le legs vivant de son amour ?