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de suivre les phases des procès intentés de part et d’autre : requêtes en assignation, comparutions, défauts, répliques, dupliques, récusations, etc. ; mais ce récit m’entraînerait trop loin.

Moreau et Durand s’étaient adressés à l’intendant : Lamothe essaya de faire renvoyer le procès en première instance, mais ses efforts furent inutiles. Il demanda ensuite que la difficulté fut tranchée par des arbitres, ce qui fut accordé par M. de Champigny et accepté par les demandeurs. Les arbitres, — MM. Pachot, Hazeur et Chambalon — réglèrent certains points ; mais ils se virent bientôt en présence de difficultés si grandes qu’ils refusèrent d’aller plus loin. L’intendant reprit le procès et le porta devant le Conseil Supérieur, dont il était le président, comme l’on sait. Aussitôt Lamothe le récusa comme juge, mais il le fit avec un profond respect et avec l’impertinence spirituelle qui le caractérise.

Il s’adresse à M. de Champigny lui-même : « Supplie humblement Antoine de Lamothe-Cadillac, capitaine en pied d’un détachement de la marine, disant qu’au sujet du procès qu’il a en ce Conseil contre Joseph Moreau, vous pourriez peut-être, sans y faire réflexion, en vouloir être juge, même dans le renvoi qu’il prétend demander en la Prévôté ; c’est ce qui l’oblige de vous représenter avec toute la soumission possible de vouloir vous ressouvenir que les dites parties, après avoir porté l’affaire en arbitrage, étant chez vous, vous donnâtes diverses instructions et conseils au dit Moreau, le suppliant présent, à qui vous fîtes réponse, vous étant aperçu de son inquiétude, qu’il ne trouvât pas mauvais de ce que vous instruisiez par charité ces pauvres gens qui n’entendaient point les affaires. »