Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/160

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transformation du grand vers indo-ciiropéeii. Voici quel on était sans doute le rythme primitif :

KJ — KJ '. KJ _1_ i A , _L w — <-/ — _ ^ A (^ I J .

Summas o[)es qui Kegum Regias refregit(2).

Naevius (d'après Atlilius).

C'est en adaptant le saturnien au rythme des tétramètres et des systè- mes grecs que les Romains obtinrent leurs septénaires et leurs octonaires. Peut-être en est-il de même de leur sénaire ïambique, surtout si le satur- nien s'était réduit ii une hexapodie par le changement des terminaisons tintantes en terminaisons féminines : contrairement à l'usage grec, le pied fort peut être irrationnel (_i _), comme dans le saturnien ; la coupe la plus fréquente est identique à celle du saturnien, et l'on sait que « les sénaires latins, à l'égard de la coupe, sont plus réguliers que les trimètres grecs » (Havet, Métrique, p. i46). Il est plus exact de dire qu'en adoptant les mètres grecs, tétramètres, trimètres et hexamètres, les Romains y intro- duisirent certaines habitudes de leur versification indigène. Il y a en comme une fusion, un compromis : le cadre métrique était grec, mais le remplissage rappelait le saturnien (3).

§ i56. Parmi les mètres imités du grec, il est probable que les octo- naires et les septénaires furent les seuls à devenir bientôt et réellement populaires : comme ils contiennent quatre temps marqués par hémistiche, ils présentent la forme la plus naturelle du rythme (v. § io6) ; ils rappel- lent à ce point de vue le mètre national des Romains, le saturnien, au moins le saturnien chanté ; ils sont très fréquents dans les comédies, qui jouirent sans aucun doute d'une grande popularité ; au lieu de les réciter, comme les sénaires, on les chantait ou tout au moins on les psalmodiait à la manière d'un récitatif, et la mélodie en gravait le rythme dans la mémoire du peuple; il ne pouvait manquer de chanter à son tour les plus intéressants par le texte ou par la musique, exactement comme chez nous

(i) u peut se remplacer par _ , _l et >_. par ^ w , le dernier _ w de chaque hémistiche par i , etc.

Le traitement de x}_ présenle des difticultés. En passant du chant à la récitation, de la poésie po- pulaire à la poésie savante, le saturnien a pu se transformer de tétramètrc en hexapodie. V. L. Havet, De saturnio latinorum aersa, Paris, 1880. M. ^'end^yes a essayé de montrer que la versi- fication du saturnien est acccntuelle et repose sur l'accentuation initiale du latin préclassique (^L'intensité initiale en latin, Paris, 1902, p. 3i8 et suiv.). La thrse est séduisante ; on pourrait l'étayer encore en faisant observer que, si elle est juste, l'allitération porte sur les syllabes fortes, tandis qiie c'est assez rarement le cas avec la scansion quantitative. Mais les vers sont bien irré- guliers.

(2) En substituant biJûs à is dans le vers iSaS du Bëowulf, on a le pendant presque exact du Saturnien cité, y compris l'allitération : Ne frïn .pu œfter sîëlum ! sorh bid ïis geniwod. On le trouve dans ce vers d'Otfrid, à part l'allitération : ioh fôUon ouh, tlieist mëra, thïnes selbes lëra (II, XXI, 36). A cela près que le saturnien est quantitatif et levers germanique accentuel, l'ana- logie est frappante. Dans tous les deux, le pied fondamental est en réalité xx et peut se rempla- cer par XXX et par x.

(3) Nous trouverons le pendant dans l'adaptation des mètres français par les Anglais.