Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

10^ ESTIIKTIOUE m UYTIIME

Comme l'accent n'était sans doute pas très Intense au début, on n'éprouvait pas le besoin de le faire toujours coïncider avec le temps mar- <jué. Le syllabismc devenait donc nécessaire (v. § i .^|6) : pour indiquer la place du temps marqué, on le faisait revenir de deux en deux syllabes. On se conformait ainsi, en général, au rythme naturel du bas-latin : il a pour principe l'alternance binaire, comme le montre et la place du contre- accent (i) et la chute fréquente des pénultièmes inaccentuées. C'est peut- être même là qu'il faut voir la cause première du syllal)isme (2). La rime, <]ue la poésie classique avait employée passagèrement, servit bientôt à sou- ligner le dernier temps marqué de la section rythmique (3). L'église, qui se rapprochait de la langue du peuple dans sa traduction des évangiles et dans ses prières, adopta aussi ces mètres vulgaires ou rlirlJuni dans ses hymnes et ses proses (^). Les clercs se mirent peu à peu à s'en servir dans leurs poésies profanes, surtout dans les chansons. Les peuples romans les ont conservés, grâce en partie au chant religieux. En voici quelques •exemples :

1° Septénaire (5).

(a). Septénaire à anacruse et à terminaison tintante (cp. ^ i56 «) :

Laudata forma concidet, arteriae pauebunt. Fortunae rota uoluitur. descendo minoratus.

Carmina Burana (fin du xii' siècle).

partium disparium mirabilis iunctura ! Remedium nascentium de carne peritura.

Omer, i3.

Rosa frcsca aulentissima, ch'appari in ver l'estate. Le donne te disiano, pulzelle e maritate (6).

CiuLLO d'Alcamo (xii siècle).

al([ue idiotarum notitiani pcrucnirc ot corum quantum fiori pos<ct pcr nos inhacrere mennoria(\ psalmum qui eis cantaretur por latinas litteras feci... non aliquo carminis gencrc id fieri uolui, ne me nécessitas metrica ad aliqua ucrba quae minus sunt iisitata compellcret » (Saint- Augustin, Rrtractalionum, I, i, c. 20.

(i) Cp. Vendryes, /. c, p. 10.

(2) Bède note ce syllabisme en remplaçant, dans sa définition du rytlime. les mots numeroaa scansione de Max. Victorinus par numéro syllabarum (Keil, VI, p. 206). Il était si bien habitué à ne pas résoudre les fortes ni les faibles, que même dans les vers quantitatifs de rythme ternaire il n'admet que le spondée à côté du pied fondamental.

(3) Sur les neuf premiers vers du psaume de saint Augustin, cinq se terminent par -are.

(4) On a songé à une influence syriacpie par l'intermédiaire des Byzantins (v. Hubert Grimm, Der Slrophenbaii in den Gedlchten Ephrœins des Syrcrs). Il est plus probable que saint Eplirem s'est inspiré de modèles grecs (v. aussi Kawczynski, Orljinc et histoire des ryllimes, Paris, 1889, p. i38 et suiv.). — V. Additions.

(5) Le septénaire accentuel s'écrivait en un seul vers de deux hémistiches ou en deux vers. Quelle que soit la graphie, il correspond à imc période musicale divisée en deux phrases ou en deux membres. Bède y voit deux vers distincts (l. c, p. 258). Cp. § i56. a.

(6) J'indique le temps marqué du chant. Dans les chansons françaises, excepté la prcmièn; pastourelle, il coïncide presque toujours avec l'accent principal ou secondaire.