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Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/168

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i58 FSTiiiVnoi E UL imnME

5" Le vers (;eumamqle.

5 i58. I/iiitonation fixe de linclo-curopcen se changea bien plus tôt en accent d'intensité chez les Germains que chez les Grecs. Cette transforma- tion s'est produite sans doute entre le m" et le i*"" siècle avant notre ère. Plus radicale aussi qu'en grec et en latin, puisque le nouvel accent était bien plus énergique et se transportait pour cette raison sur la première syl- labe du mot, elle ne pouvait laisser d'entraîner une versification complète- ment accentuelle (i). Par suite de la place de l'accent principal dans les mots et dans les groupes de mots (2), la forme dipodique décroissante se conso- lida, si elle existait, comme je le crois ; sinon, elle s'imposa. Deux des fortes l'emportaient sur les autres en intensité, surtout la première. Elles étaient encore mises en relief, la première au moins, par l'allitération, qui servait aussi à rattacher les deux petits çers ou JiémisticJœs en un grand vers. Voici l'une des formes que pouvait présenter l'hémistiche en anglo- frison aux premiers siècles de notre ère (3) :

f F f F f F f F

  • [y.7 'ivi:so^fastii~ Uvordo/?ii~];

ou bien, suivant la date,

  • [ja Uvi:sa^fastÇi\'yr>: Uvordomù] (4).

Sous sa forme accentuelle le vers s'adapte aussi parfaitement au rythme primitif (v. i; 162) que ce vers de même forme,

Rex aeterne Domine,

(i) Y. /i>^ Partie, § 68 et 180. — Il se peut que les Germains tiennent des Celtes et l'accen- tuation initiale et l'emploi de l'allitération (v. Otto Bremer, dans Paul's Grundriss, 2<' éd., t. III, p. 788 et suiv.). Celte hypothèse me semble inutile : nous trouvons également chez les Romains l'accentuation initiale et l'allitération.

(2) Y. /'■'^ Partie, §68 et 72.

(3) Quand il s'agit d'une langue morte dont nous ne possédons aucun texte écrit, la graphie de toute forme « restituée » est forcément phonétique : pour exprimer par une formule courte et lisible les correspondances qui existent dans tel cas entre tels sons ou groupes de fons de plu- sieurs dialectes, on indique les phonèmes respectifs auxquels il est probable ou admissible, dans l'étal actuel de la science, que ces sons ou groupes de sons remontent approximativement dans la langue en question. J'emploie donc la même transcription phonétique que pour l'anglais; mais les symboles sont loin d'avoir une valeur aussi précise. Il n'est pas inutile de rappeler que pour le germanique des époques choisies nous possédons des témoignages contemporains ou très proches — parfois même antérieurs — dans les transcriptions des auteurs latins ou grecs et dans les inscriptions runiques ou autres, ainsi que dans les textes gotiques.

(4) « Et sapientiâ-firma uerbis » (d'après Bêowulf, v. 627). — *[j^' j(^] (pour la voyelle cp. germ. *[ha, so], got. sa. v. norrois, sa, v. angl. se, se) auprès de *[jax] <; *[?o -|- gc] (cp. got. nih = lat. neque), got. jah, norrois primitif j'a/i (inscription de Kra- gehul, vers ^00).