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Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/181

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ORIGINE ET EVOLL TIO>" DES METRES POETIQLES I7T

Aux nursery rhymcs on peut ajouter les proverbes et dictons de toute sorte : To run with the harc and hold with the hounds — March winds, and April showers Brino- fortli May flowers (v. 1"= Partie, § iSg).

Pour les métriciens habitués au vers réguUer, au vers syllabique, ce mètre libre a quelque chose de fruste et de grossier, de barbare. Aussi sont-ils un tant soit peu embarrassés quand ils le rencontrent chez Sha- kespeare, par exemple (i). Car la poésie littéraire le conserva ellc-même jusqu'au xvn^ s., non seulement dans les chansons, mais encore dans la poésie narrative ou descriptive : c'est celui des ballades (2), des doggerel r/ifmes(3), du lumùling i>erse et même du Penseroso{\). Ailleurs, il est vrai, comme dans le septénaire de Chapman, dans la Poultcr's Mcnsure et les strophes du Hjmn Book, il s'est soumis à un syllabisme de plus en plus strict. Sous cette forme régularisée, comme vers de huit syllabes ou de sept, l'ancien mètre national a été employé dans la poésie lyrique de tous les temps et de toutes les écoles. Mais c'est seulement au xix« siècle, par l'imitation de la poésie populaire et sous l'influence de la littérature alle- mande, qu'il a repris sa liberté d'allure dans la poésie littéraire, d'abord dans The Lar of the Lasl Minslrel (i8o5) (5) et surtout dans ChrislabeL (i8i5). Depuis lors on emploie dans la poésie lyrique toutes sortes de vers ainsi libérés du svllabismo, où nous pouvons voir en somme des transfor- tions variées du mètre populaire et indigène, c'est-à-dire, en fin de compte, du mètre primitif des Germains. Southey (6), Goleridge (7), Shelley (8),

sery rythmes sont très vieilles. 11 y en a qui doivent remonter au temps où les Anglais vivaient encore sur le continent. Comment s'expliquer autrement que la même formule rimée et rythmée, avec de légères variantes, s'applique à un même jeu, à un jeu peu répandu, et dans un village du grand duché de Bade et dans une paroisse située au fond du Yorkshire(v. /■•« Partie, p. i3o) ? (i) Dans les parties lyriques de A Midsimmcr NUjhfs Dream, le m." Ire (I must go seek somc dewdrops herc) admet i" la suppression do l'anacrusc (And I serve the fairy queen), 2° des pieds de trois syllabes (Tiie cowslips tall hcr pcnsioners be), 3" des pieds monosyllabiques (Over hill, Over dale - Svviftcr than llic moon's spiiere — cp. Macbeth IV, i, G), etc. Peu à pou toutes ces libertés ont passé dans le blanli verse de Shakespeare. V. /'e Partie, § 3o5-33i. (2) Surtout dans la forme ancienne :

The Perse owt off Xorthombarlonde an avowe to God mayd ho That hc wold hunte in the mountayns of Ghyviat within days tliree.

Chevy Chase. mais aussi dans la forme modernisée :

Let it ncver be said that a dauglilor of lliinc was marricd lo a lord uiider niglit,

.Viid lliere lie spy'd hcr soven brethren bold come riding over the k-a.

The Doufjlas Tragnly. (3) V. note I . {!^) L'anacruse est facultalivc.

(5) Non seulement Scott a imité le mèlre des ballades, il en a même écrit quelques-unes.

(6) Thalaba, etc.

(7) To a cataract (traduit de l'allemand).

(8) Queen Mab.