LES VARIETE? Df RYTH^IE 1 I
Au Heu de cet exemple, si simple encore, si incomplexe, j'aurais du en prendre un dans la partition du Crépuscule des Dieux, chant et or- chestration. Je me contente d'y renvoyer le lecteur. II y verra en bien des endroits quelle complexité prodigieuse donnent au rythme et les divers «Troupes de phonèmes qui forment les syllabes, et les timbres multiples des instruments, et les modifications différentes des unités rythmiques 11 serait dillîcile de décrire un rvthme spatial aussi complexe et aussi com- posé, dilHcile même de le concevoir ; c'est à peine si certains tapis d'Orient |)euvent en donner quelque idée.
s; lo. Il ne sera peut-être pas inutile, pour éclaircir les définitions j)ié- cédentes, de citer quelques exemples connus du rvthme spatial. Un collier de perles nous olTre un rvthme simple et uniforme (juand les perles sont de même grosseur et de même couleur (cp. Z») — simple et varié, quand elles sont de même grosseur et de couleur dillerentc (i) (cp. c, d, e, f) — simple et complexe, si la couleur de chaque perle n'est pas unie (cp. i^-, h, i, y", /.) ; composé uniforme, si les perles sont identiques de deux en deux(cp. n, o, p, q, r, s, f, //) — composé varié, si deux grosseurs alternent régulière- ment, tandis que hi couleur change sans cesse (cp. (^) — composé com- plexe, si en outre la couleur de chaque perle n'est pas unie (cp. ir, r, )).
Considérées indépendamment de leurs rapports avec le reste de l'édilice, les colonnes des temples grecs suivent un rvthme simple, complexe et uni- forme ; celles des églises gothiques, de la Sainte-Chapelle par exemple, avec leurs chapiteaux de forme différente, un rythme simple, complexe et varié. Dans le parc de Versailles, les Marmousets présentent un rythme simple, complexe et varié ; les statues et les vases du Tapis Vert, qui al- ternent par groupes de deux, un rythme composé complexe et varié (-i).
C. — LE HYTlIMi: INTENSIF.
i; ij. Quant au rvthme de la musique, il est toujours composé, com- jilexe et varié. Si l'on y distingue des mesures simples et des mesures com- posées, c'est par une définition toute spéciale, qui se fonde sur le caractère particulier du rythme musical ou plus généralement du rrf/ime intensif.
(i) Il vaiil mieux alors que la même couleur ne revienne pas deux fois : autrement, on s'atleml à un rvthme composé, et l'on est déçu.
fa) Objectivement, ce rythme est aussi complexe et aussi varié, sinon aussi composé, que le rythme musical le plus compliqué. Mais cette complexité et celle variété m'échappent en grande partie quand j'embrasse ou parcours du regard l'ensemble des statues et dos vases de manière à en percevoir le rythme, tandis qu'aucun détail d'une partition ne passe pour moi inaperçu. Les diversités sculpturales ne m'apparaisscnl que si je concentre mon attention sur chaque statue ou chaque vase à part et perds ainsi de vue le rythme de l'ensemble. C'est pourquoi le rythme uni- forme des colonnes grecques, s'il est moins intéressant dans le détail que le rythme varié des colonnes gothiques, est en revanche plus sensible, plus harmonieux et plus elticace comme rythme, parce que rien ne détourne notre attention du rythme lui-même.
