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Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/215

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l'homoi'iiome 2o5

s'enfuir hors de Northumbrie dans sa jeunesse, avec ses frères et beaucoup d'autres Angles, et il s'était réfugié à lona, où il resta dix-sept ans et reçut le baptême, lui et ses compagnons (i). Les moines ne leur apprirent pas seulement l'irlandais, on peut en être sûr, mais encore des poèmes «'aëli- ques : contrairement à ce qui s'est passé en Allemagne, les clercs des pays celtiques cultivaient avec amour la langue et la littérature nationales. Ils ne les enseignaient pas, probablement, dans les nombreux monastères qu'ils fondèrent en Angleterre, comme celui de Streanaeshalch (Whitby), mais ils chantaient ou récitaient parfois des vers irlandais devant leurs élèves (2). Même après le synode de \\ hitby (GQà), l'influence des Scots irlandais et écossais dura encore longtemps en Angleterre (3). Les Anglo- Saxons continuèrent à chercher un refuge en Irlande ou en Ecosse, quand ils étaient forcés de quitter leur patrie, et ils en profitèrent pour s'instruire : Aldfrith, roi de Northumbrie (085) « très versé dans les Ecritu- res » (4), était resté chez les Scots pendant le règne de son frère Ecgfrith(5); au commencement du siècle suivant, Ecgberht, « de la nation des Angles, banni pour sa religion, passa beaucoup de temps en Irlande » (G). Bien d'autres y allaient de leur propre gré, pour étudier dans les monastères (7). Exilés volontaires ou invotontaires, les Anglo- Saxons qui se formaient ainsi à l'école des Gaëls pendant de longues années, et il y en avait de toutes les classes, étaient certainement très familiers avec la poésie celtique. Elle employait la rime, assonance, con- sonance ou rime complète, à l'intérieur comme à la fin du vers (8). Les poètes anglais avaient donc là un exemple qu ils ont pu suivre, par exem- ple dans Elene et dans le Poème rimé. Si l'assonance y remplace quelque- ibis la rime à la fin du vers (^wsefdxs), il n'y a rien là que de conforme à l'usage des Celtes. On sait que la poésie anglo-saxonne a d'abord et surtout fieuri dans le Nord de l'Angleterre, dans la région évangélisée par les Scots et encore habitée çà et là par des groupes de Bretons breton- nants. Caedmon portait un nom gallois (9).

(j) V. Bède, Hist. Ecclcs.. III, cli. i. — Cet exila duré de 617 à 634 (v. Chronique E, années 617 et 634).

(2) « Imbuebantur praccptoribus Scoltis paruuli Anglonim, una ciim maiorllnis studiis et obserualione disciplinae regularis » (Bcde, /. c, III, eh. m).

(3) On sait que les Anglo-Saxons tiennent leur alphabet des Irlandais.

(4) Fior. Wig., Chron., Mon. Hist. Brit., I, p. 537.

(5) Mon. Hisl. Bril., I, p. 190 (Bide écrit -/;•«</).

(6) B.'dc, Uisl. Eccles., lii, 4-

(7) V. Zimmer, Preuss. Jahrb., LIX, 1887, p. 34-

(8) V. Zeuss, Grammalica cellica, 2 éd., p. g34 et suiv.

(9) Cadvan en gallois, anciennement Cadtnan (Cadmon) — Catamanus dans une in.scriplion latine. Le père de ce Cœdwalla qui s'allia aux Mcrciens contre les iSorlhumbriens (v. plus iiaut) s'appelait Cadvan d'après Geoffroy de iMonmoulli. Parmi les chefs bretons qui reconnaissaient la suzeraineté d'^Ldelstân et d'Eadred, on trouve dans les chartes un Cadmo ou Cadmon (v. Loth, l. c). Le poète avait sans doute une origine celtique par son père ou par sa mère, comme plus tard tant de Norvégiens et d Islandais. — Les Anglo-Saxons élevés et instruits dans les monastères irlandais ont-ils aussi emprunté le fond de certains poèmes aux Gaëls, de même que leurs d( scendants, riches pourtant déjà en littérature, ont traduit la Genèse d'un poète bas-saxon