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CHAPITRE III MESURE SUBJECTIVE DES UNITÉS RYTHMIQUES

8 i3 Le rythme spatial, sous ses formes les plus fréquentes, a au con- traire des points de repère faciles à distinguer. Dans le rythme relative- ment parfait d'un collier de perles égales, d'une colonnade ou d une suite de rosaces pareilles, et même dans le rythme imparfait des arbres de nos boulevards ou d'une rangée de dents, les unités sont nettement dessinées par des lignes ou des surfaces bien définies. L'œil embrasse chacune d elle dans son ensemble, et il semble presque oiseux de se demander de quel point à quel point il les mesure, quel est le point, autrement dit, qui joue le même rôle que le temps marqué de la musique et de la poésie. Dans le rythme simple d'une suite de cercles tangents et égaux, ce sont évidem- ment les points de contact. Si les cercles sont inégaux, mais alternent par ordre de grandeur, ce sera le point de contact du plus grand avec e précè- dent ou bien encore, surtout quand les combinaisons sont complexes, le sommet du plus grand. Dans le rythme composé d'une suite de cercles équidistants, ce seront les points les plus rapprochés des cercles consécu- tifs, c'est-à-dire les points par lesquels la ligne des centres coupe les cir- conférences ; ce peut être aussi le centre des cercles quand il est indique par un point. Quoi qu'il en soit, nous percevrons certainement le rythme de pareils cercles et nous pourrons même en distinguer les impertections, jusqu'à une certaine limite ; mais le géomètre le plus habile ne saurait le re- produire qu'à l'aide d'instruments.

S itx. Et pourtant le rythme le plus simple et le plus incomplexe de la musique, celui du tambour, des cymbales et autres instruments a percus- sion, est encore plus compliqué, plus dilHcile à saisir. On peut le comparer à une chaîne de montagnes dont les sommets les plus élevés seraient sépa- rés en ligne horizontale par des intervalles égaux. Mais dans la musique ordinaire et dans la poésie, il s'ajoute aux différences d'intensité des dille- rences de hauteur et de timbre ; la complication devient aussi grande que dans la combinaison de couleurs diverses et plus ou moins intenses, mais fondues peu à peu l'une dans l'autre, dont j'ai détaillé ci-dessus la compo-