Page:Vers et Prose, tome 9, mars-avril-mai, 1907.djvu/118

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Un rêve vient bercer mon âme sublimée
Planant toujours plus haut dans son vol exalté…

Tous mes sens ont frémi, je tremble dans l’attente
D’un mystère entrevu… Je ne sais si la Mort
Ou son frère, l’Amour, plus grand qu’elle et plus fort,
Tout à coup m’a frôlé d’une aile immense et lente…


II


Au crépuscule gris, sous les arbres bruissants,
J’ai vu devant mes yeux apparaître mon rêve ;
Il était lumineux dans le jour qui s’achève,
Vaine image pourtant, jeu de rayon mourants…

Fantôme hallucinant qui dans le soir se lève,
Naissait-il de l’émoi de mon cœur bondissant ?
Effluve de mon âme, était-ce moi pensant ?
Vers l’extase en tremblant avec lui je m’élève ;

Mais, un doigt sur la bouche, il montait dans l’éther
D’un vol puissant et sûr, d’un grand essor si fier
Qu’il tendait vers les cieux !… Comme des vagues lentes,

Sur la terre glissaient d’enivrantes odeurs ;
Et j’ai cru respirer des roses défaillantes,
Un goût de volupté se mêlait aux senteurs…


ARTHUR DAXHELET
Bruges, juin 1905.