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Page:Vers et prose, tomes 5-8, 1906-1907.djvu/560

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vers et prose


et le cœur inondé par la fête exaltante
que la nature auguste menait avec splendeur
en déchaînant le cœur sonore de ses cloches.
Car le bronze chantait au beffroi du château
pour annoncer la pure ascension du Christ.

Dans les plaines et sur les cimes vaporeuses,
sur l’ondoyant froufrou des forêts riveraines
courait avec souplesse en déferlant
la mélodie surnaturelle du printemps.
Les pêchers se couvraient de leur neige odorante,
les pommiers se paraient d’une robe de sang.
L’herbe égrenait ses sourires couleur d’azur.
La boule éblouissante des genêts et des trèfles
baignait de pourpre et d’or la pente des collines.
Leurs fleurs et leurs parfums se balançaient d’ivresse
au gré d’un vent suave qui venait de la mer.
Sur la mer s’avançaient mollement en cadence
quatre voiles légères aux blancheurs idéales
avec un doux roulis de berceau, dans l’immense
auréole de flamme dont le soleil prodigue
enveloppait la mer et la terre et les cieux.

Je regardais ma mère se griser en marchant
parmi l’extase ensoleillée de la nature,
et mes yeux nostalgiques s’attardaient par instants
sur mon frère adoré qui maintenant repose
sur un coteau fleuri que l’Arno jaune arrose.
Elle dort aujourd’hui aux profondeurs de la Chartreuse.
Mais je me demandais en rêve alors
s’ils respiraient tous deux l’air pur qui nous anime,
ou si plutôt, pour consoler ma douleur solitaire,