Page:Veuillot - L’Imposture des Naundorff, 1885.djvu/36

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preuve beaucoup plus simple que c’était certainement Louis XVII qui fut remis à Gomin et à Lasne, quand ils arrivèrent au Temple. Cette preuve, c’est tout bonnement qu’ils se seraient aperçus de la substitution dès le premier jour, si on leur avait présenté un autre enfant que le Dauphin, attendu qu’ils connaissaient de longue date le jeune prince. Gomin, en effet, nous dit M. Chantelauze, « était commandant d’un bataillon de la garde nationale, et, ainsi qu’il l’attesta depuis devant le tribunal civil de la Seine, il connaissait fort bien le Dauphin pour l’avoir vu souvent dans le jardin des Tuileries ». Et Lasne ? « Lasne », nous citons encore M. Chantelauze, « Lasne, ancien garde-française, avait été nommé en 1791, capitaine du bataillon du Petit-Saint-Antoine... Il avait connu le Dauphin aux Tuileries, lorsque, en tête de son bataillon, il l’avait conduit plusieurs fois lui-même à son petit jardin. Ce fait, il l’affirma devant la justice ». Croyez-vous toujours à la substitution ?

Si vous ne vous jugez point suffisamment convaincus, j’irai plus loin. J’admets que Gomin et Lasne se soient trompés. Ils avaient vu le Dauphin deux années auparavant, ils l’avaient vu à maintes reprises, ils l’avaient vu de près, ils l’avaient évidemment bien considéré. À cette époque-là, encore plus qu’aujourd’hui, un homme du peuple ou de la petite bourgeoisie, mis en présence du fils de son roi, du Dauphin, ne devait pas se contenter de lui lancer un regard rapide et indifférent. N’importe !