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léance donné par la marquise de Lambert à Montesquieu et qui le raconta le même soir, dans une lettre où il appelle l’une « la Vieille » et l’autre « le Gascon. »

Le maréchal d’Estrées entreprit de raccommoder tout. Montesquieu lui déclara[1] d’abord qu’après l’outrage qu’on lui faisait, il irait chercher à l’étranger les récompenses qu’il ne pouvait espérer dans son pays. Le prince Eugène, comblé d’honneurs en Autriche pour des talents militaires que Louis XIV, en les dédaignant, avait malheureusement tournés contre la France, était un exemple vivant, capable de faire réfléchir. Le négociateur s’effraya, et crut pouvoir s’adresser aux sentiments d’économie bien connus du candidat. Voici comment Montesquieu a noté le fait dans ses papiers : « N[2], qui avait de certaines fins, me fit entendre qu’on me donnerait une pension. Je dis que n’ayant pas fait de bassesses, je n’avais pas besoin d’être consolé par des grâces. » Il restait un dernier moyen à tenter : une entrevue entre le cardinal ministre et le gentilhomme-lettré. Elle eut lieu. Que s’y passa-t-il ?

M. de Secondat écrit[3] : « M. de Montesquieu déclara qu’il ne se disait point auteur des Lettres persanes, mais qu’il ne donnerait pas de désaveu qu’il les eût faites, qu’il renonçait à la place d’académi-

  1. 1. D’Alembert, Eloge de Montesquieu.
  2. 2. Pensées diverses.
  3. 3. Éloge historique de M. de Montesquieu, infra.