Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/106

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cruauté affreuse le signe que Sœmund avait imprimé sur leurs fronts :


Enfin, je vois le Peuple antique, aveugle et fou,
La race qui vécut avant votre lumière,
Seigneur ! et qui marchait, hélas ! sans savoir où…

Donc chacun porte au front une lettre Runique
Qui change sa cervelle en un charbon fumant,
Car il n’a point connu la loi du Fils unique !


Est-ce que les plus farouches visions du Moyen Âge ne sont pas ici dépassées ? Est-ce que l’esprit qui les inspira n’est pas ici bien modifié, puisque d’un poème islandais, écrit pour prêcher la morale de Jésus à un peuple grossier et vicieux, est sorti un poème qui veut faire haïr le christianisme ?

Le recueil des Poèmes Barbares en 1871 présente les trois poèmes sur l’Église au Moyen Age dans l’ordre que voici : les Deux Glaives, l’Agonie d’un Saint, les Paraboles de Dom Guy. C’est l’ordre chronologique des événements : Henri IV contre Grégoire VII, la Croisade des Albigeois, trois papes au lieu d’un. Mais cet ordre n’est point celui de la composition, qui est l’ordre inverse. Le poème qui tient la dernière place a été composé le premier[1].

  1. Revue Contemporaine, 15 novembre 1859.