Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/131

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méprisante du poète rend gloire à celle qui, fidèle jusqu’au bout à l’époux vivant, dédaignant de trahir, a tué auparavant. Déjà son ironie avait fait excuser par le ciel un crime si opportun :


Mais va ! ta destinée au ciel même est écrite !

La même ironie flétrit la même justification du crime dans le poème de Djihan-Arâ, qui paraît, dans la Revue Contemporaine, le 15 septembre, sept mois après Nurmahal. Il est issu aussi de l’Histoire de l’Inde par de Marlès.

L’empereur Chah-Djihan vieillissait, malade. Ses fils s’insurgèrent. Le plus jeune, Aurang-Ceyb, l’emporte. Il massacra ses frères et s’il laissa vivre son père il le tint prisonnier. Sa sœur Djihan-Arâ demanda à partager la captivité du vieillard.

Il avait agi au nom de son Dieu, adoré avec ostentation.

Leconte de Lisle l’appelle « l’ascétique assassin ». Il le montre assis en robe grossière à la place où son père siégeait en habit royal. Il le montre déclarant que son œuvre est bonne puisqu’elle a réussi. Tout l’empire reconnaît dans cet usurpateur l’élu de Dieu :


C’est le sabre d’Allah, le flambeau de la foi !
Il est né le dernier, mais l’ange armé du glaive
Le marqua de son signe, et dit : — Tu seras roi !