Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’école moins ascétique des prophètes lettrés[1]. »

Leconte de Lisle, ayant lu ces lignes, eut l’idée de mettre en scène le géant des prophètes, de le faire sortir de sa montagne, comme un être surnaturel, et disparaître après avoir porté les menaces de son Dieu à l’adorateur du veau d’or.

Alors il relut dans le Livre des Rois l’histoire de Naboth.

Akhab a demandé sa vigne à Naboth. Celui-ci a refusé de céder la terre léguée par ses pères. Le roi, malade de dépit, gît sur son lit. La reine Jézabel lui promet qu’il aura la vigne. Elle fait accuser Naboth de blasphème, L’innocent est lapidé. Le roi et la reine vont prendre possession du bien volé. Mais Élie surgit devant eux et les menace de la colère divine. Akhab s’humilie et Élie, au nom de Dieu, pardonne.

Nulle part, peut-être, Leconte de Lisle n’a massé plus de couleur locale, n’a mieux mêlé la peinture à l’action que dans la Vigne de Naboth. Quand nous avons achevé le poème, nous avons été promenés à travers tout le décor où vivent les personnages. Nous avons vu les sables du désert, le voyageur penché sur la source tarie, l’eau saumâtre des puits, le chameau à genoux devant le chamelier ; nous avons vu l’âne, le faon, le lion, les cèdres du Liban, le

  1. Études d’histoire religieuse, 2e édition, 1857 ; Histoire du peuple d’Israël.