Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/149

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adorent, façonnant une humanité nouvelle qui se passera d’eux ; — Prométhée de Quinet (1838), prédisant leur chute aux Olympiens, qui répliquent en prédisant la chute de leurs successeurs ; — Prométhée de Louis Ménard (1843), qui annonce la fin des dieux et l’essor de l’humanité guidée désormais par la science ; — Niobé de Leconte de Lisle, annonçant aux Olympiens le retour des Titans ; — Satyre de Victor Hugo, commandant à Jupiter de se mettre à genoux et de faire place à la nature ; — Satan et Samson de Vigny ; — héros de la Chute d’un Ange ; — Satan d’Alfred Le Poittevin (1836), dont les imprécations contre Dieu ressemblent fort à celles de Qaïn[1] ; — Idaméel de Soumet (1841), qui demande à Dieu ce qu’il a fait pour ses fils, pourquoi ils sont nés et pourquoi ils souffrent ; — Caïn de Byron, dont le Qaïn français répète bien des mots : avant lui, il rejette sur Dieu la responsabilité de tout ce qu’il a fait ; avant lui, il se vante de regarder le tyran en face ; avant lui, il le qualifie de « tourmenteur », et lui reproche de faire tomber ses victimes dans des embûches ; avant lui, au fond, il nie Dieu ; car, promené par Lucifer à travers le monde, il n’y voit nulle part le Créateur ; partout il voit seulement la Vie et affirme qu’elle existait avant tous les êtres.

À cette longue liste d’ancêtres, il faut ajouter enfin

  1. René Descharmes, Le Qaïn de Leconte de Lisle et une poésie oubliée d’Alfred Le Poittevin, Revue d’Histoire littéraire, juillet 1915.