Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/178

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La vie est ainsi faite, il nous la faut subir.
Le faible souffre et pleure, et l’insensé s’irrite ;
Mais le plus sage en rit, sachant qu’il doit mourir.
Rentre au tombeau muet où l’homme enfin s’abrite,
Et là, sans nul souci de la terre et du ciel,
Repose, ô malheureux, pour le temps éternel !


C’est la même idée que répète à sa façon le Sommeil du Condor, publié dans les Poésies Nouvelles en 1858.

Ce poème, très souvent loué comme un des chefs-d’œuvre de l’art descriptif, a des origines diverses.

La première idée a pu en être suggérée par l'Univers pittoresque. Décrivant le Chili, César Famin nomme après les autres oiseaux : « enfin, le roi des montagnes, le condor, qui perché dans les hautes solitudes de la Cordillère, au-dessus de la région des nuages, guette sa proie dans le fond des vallées lointaines, près de la demeure des hommes[1] ». Et l’auteur renvoie à la planche numéro 1.

La planche est une gravure de Lemaître, représentant au premier plan un condor, de profil, immobile, perché sur la crête d’un roc. Au fond, fume un volcan plus haut que ce roc. Entre les deux, un autre condor, les ailes toutes grandes, guette sa proie dans le fond de la vallée.

Cette gravure a été connue de Maurice de Becque, qui, illustrant le poème de Leconte de Lisle en 1925, a reproduit le condor immobile de Lemaître.

  1. César Famin, Chili, Uruguay, Buenos-Ayres, Paris, Didot, 1840.