Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/180

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Mais ce poète romantique, c’est le sage que Requies proposait à notre exemple, le sage qui, pendant que le faible pleure et que l’insensé s’irrite, rit, sachant qu’il doit mourir. Du haut d’un pic altier, il « attend » la nuit qui arrive et va le couvrir « tout entier ». Elle est comparée à une mer :


Il attend cette mer sinistre qui l’assiège,


comme la mort y sera comparée dans Fiat Nox :


L’universelle mort ressemble au flux marin[1].


Quand la nuit l’a couvert, il « râle de plaisir », comme le sage de Requies. D’un puissant coup d’œil, il s’élève. Alors, arrêté loin du globe noir, loin de cette terre où traînent les pensées médiocres, mais loin aussi de l’astre vivant où la pensée humaine ne peut pénétrer, il dort son éternel sommeil, sans avoir abdiqué sa fierté :


Il dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes.

Cette mort que le sage attend, il la prévoit, non seulement pour l’homme, mais pour la terre. S’inspirant d’une des hypothèses par où la science de son temps envisage la fin de notre habitation, — et l’hypothèse fournit au peintre un tableau grandiose, — Leconte de

  1. Revue Contemporaine, 1864.