Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/191

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à travers les formes de la vie, et que « dans cette hypothèse les facultés spirituelles qui s’agitent en nous ne sont pas distinctes de celles qui frémissent, plus obscures et plus inconscientes, dans les cerveaux rudimentaires des bêtes inférieures », Leconte de Lisle avait trouvé une volupté à participer quelques moments au débordement d’instincts sauvages des bêtes de proie, lions et tigres. Il avait éprouvé avec le roi du Sennaar la joie de l’instant où le chasseur aiguise ses ongles et flaire sa proie. Il avait connu l’ivresse de l’infini libre avec l’oiseau


Qui dort dans l’air glacé les ailes toutes grandes.


Il avait ressenti la sérénité nostalgique des éléphants, compati au sanglot des chiens, pleurant


Devant la lune errante aux livides clartés.


Ces poèmes animaliers, où Lemaître ne trouvait guère encore que des peintures impassibles, Bourget les voyait pleins à la fois et de science et de passion.


Les articles de Lemaître et de Bourget furent très remarqués. On en trouve l’écho dans presque tout ce qui s’est écrit sur Leconte de Lisle au moment où il se préparait à prendre place dans le fauteuil de Victor Hugo.

Une des études les plus chaleureuses, bien que l’auteur fût un chrétien, très affligé par l’incrédulité