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LES POÈMES BARBARES

le vers est disséminé, le tissu lâche, la composition des pièces peu serrée ;… peu de rapidité, ni de netteté, et il lui manque la faculté de faire voir, le relief absent, la couleur même a une sorte de teinte grise. »

Une lettre de janvier 1854, répète les mêmes réserves : « Ce qui lui manque, c’est le côté moderne… Ses plans sont généralement trop ensellés,… quant au plastique, pas assez de relief.[1] »

Il a tort de vouloir être antique en 1852, il ne compose pas assez fortement, il n’est pas assez peintre : voilà ce que Flaubert et d’autres disent de l’auteur des Poèmes Antiques, et le poète en est plus ou moins informé.

Mais comme de vifs éloges accompagnent souvent ces restrictions, elles font réfléchir une fois de plus sur son art un poète qui entend bien diriger son inspiration et ne rien envoyer aux presses qui ne l’ait plus ou moins satisfait.

Peu après la publication des Poèmes Antiques, il donnera donc des vers à des revues. Il va désormais, sans cependant l’abandonner jamais, sortir habituellement de la Grèce. Il se transportera dans d’autres pays et dans des époques moins éloignées. Il prendra davantage, comme le veut Flaubert, son appui dans le présent, sans que le public, d’ailleurs, comprenne tout de suite en quoi l’on peut être de son temps lorsque l’on conte l’introduction du christianisme en

  1. Correspondance, p. 415.