Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/54

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la première partie du poème de Leconte de Lisle. Il suffira de la résumer brièvement.

Au milieu de la mer, Mona dresse les granits de sa côte. L’Esprit du Vent y convoque tous les dieux Kymris.


Innombrables, les Dieux mêlés avec les Fées,
Ils venaient, ils venaient par nuages s’asseoir
Sur les sommets aigus et sur le sable noir[1].


Un autel est dressé sur le rivage. Les bardes sont là, vêtus et armés conformément à toutes les exigences de la couleur locale. Sayons rayés, harpes de granit, anneaux de cuivre, larges glaives, plumes d’aigle : tout y est. Complet et pourtant sobre, le tableau est d’un pittoresque achevé. Les bardes entourent le chef sacré. Les vierges entourent Uheldéda, prophétesse de Sein.

Alors, le chef sacerdotal verse la libation d’eau sur un feu de romarin dont la fumée monte aux étoiles. Puis, utilisant les textes cités par Henri Martin, il rappelle les doctrines que son peuple professe sur la migration des âmes. Après lui, un autre barde, s’inspirant des mêmes sources, expose longuement les traditions kimriques sur le déluge et raconte comment Hu-Gadarn conduisit la race pure d’Orient

  1. « Comme chez les Hellènes, chaque cité, chaque rocher, chaque forêt eut son génie ou sa divinité topique. L’air, la terre et les eaux étaient habités par un peuple innombrable de Dus (du gallique chu, noir, ténébreux) mâles et femelles. » H. Martin, édition de 1844, t.1, p. 46.