Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/62

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tures ? celui qui les fit n’avait qu’à les mieux faire. Pourquoi s’indigner qu’il y ait des étreintes mortelles, des nations se heurtant, des traits qui sifflent, des masses qui brisent les fronts des enfants écrasés sur la pierre ? Car, en y réfléchissant, on voit


Que l’homme a toujours eu soif de son propre sang.


Mais la partie la plus importante dt poème est l’épisode du Calvaire et ses suites.

Peintre comme le poète, interprète de ses sentiments, le Corbeau décrit avec précision, avec respect, avec émotion le corps pendu en croix. Il reconnaît que de toute sa chair un feu rayonnait, qu’il n’avait rien vu de tel parmi les rois sur le trône, ni parmi les dieux sur l’autel.


Celui-là n’était pas uniquement un homme,


dit, avec le Corbeau, Leconte de Lisle lui-même, et si ce n’est point là un acte de foi, c’est une parole grave.

Quand, malgré cette vénération, le Corbeau prend son vol pour satisfaire sa faim, un ange l’arrête et le condamne à trois siècles de jeûne.

Qu’est-ce-à dire ? Qu’une force incinvible, un besoin mystérieux des nouveautés qu’apportait le christianisme imposa aux hommes de les accepter. Trois siècles suffirent à l’établir, et si solidement qu’après ces trois siècles l’homme ne put plus être