Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décor égyptien, dont plus que personne sans doute Théophile Gautier, dans le Roman de la Momie et dans Émaux et Camées, lui a révélé le pittoresque. Or, une stèle, dont la Bibliothèque Nationale vient de faire, pour l’Exposition Universelle de 1857, une reproduction magnifique, lui offre un tableau tout prêt à être transporté dans un poème : un roi casqué brûle de l’encens devant une barque sacrée, portée sur les épaules de dix prêtres ; au milieu de la barque est un naos fermé où repose un dieu.

Si le tableau retient l’attention du peintre, le dieu intéresse au plus haut point l’historien des religions que le poète est devenu depuis quelques années. Une inscription, que le vicomte de Rougé a longuement commentée, explique qui est le dieu et où va la barque[1].

Le roi d’Égypte envoie Khons le dieu guérisseur à son allié le prince de Baktan, dont il a épousé la fille, Néférou-Ra. Le prince sollicite le secours du dieu pour une autre fille, gravement malade. — Voilà ce que raconte l’inscription.

Chez Leconte de Lisle, la malade est la propre fille de Ramsès, Néférou-Ra. Un mal mystérieux consume sa vie. Quel mal ? Toute l’Égypte se le demande. Le poète, lui, a deviné :

Ô lumineuse fleur, meurs-tu d’avoir aimé ?
  1. Étude sur une stèle égyptienne appartenant à la Bibliothèque nationale, Paris, 1858. — On a reconnu depuis que la stèle est un faux du temps où les prêtres d’Amon voulaient reconquérir leur autorité.