Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/78

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sanglots, aux rires et aux larmes, un cœur impossible et la puissance du rapide éclair que donne l’Espérance :


Et rien n’y luit du ciel, hormis un trait de feu.

Mais ce peu de lumière à ce néant fidèle,
C’est le reflet perdu des espaces meilleurs !
C’est ton rapide éclair. Espérance éternelle,
Qui l’éveille en sa tombe et le convie ailleurs !


Ces poèmes où l’île Bourbon nous apparaît donc comme un refuge enchanteur contre la souffrance, l’auteur les a pourtant fait entrer dans le recueil des Poèmes Barbares. Il a placé le Bernica entre les Jungles et le Jaguar, l’Aurore entre la Panthère et les Jungles, la Ravine après les Hurleurs, le Manchy entre la Forêt Vierge et le Sommeil du Condor. C’est que toute l’île Bourbon est bien, comme il le dit du Bernica, un « lieu sauvage ». Elle est sauvage par le caractère particulier de sa nature et de ses habitants. Elle est barbare par son exotisme.

À cet exotisme, il avait été d’abord assez insensible. Il l’avait même presque systématiquement exilé des poésies que l’île lui inspirait.

Le plus ancien de ses poèmes sur l’île Bourbon qui sont entrés dans les recueils définitifs est la Fontaine aux lianes. Il parut dans le tome VI de la Phalange en 1847. Il ne fut pas recueilli par les Poèmes Antiques. Il prit place plus tard, assez remanié, dans les Poèmes Barbares, et c’est le seul poème du recueil qui soit antérieur aux Poèmes Antiques.