Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en admirent sans peine l’authenticité. En 1850, une traduction partielle en fut donnée par Hersart de La Villemarqué, qui s’était fait une grande réputation de celtisant par la publication du Barzaz-Breiz ou Chants populaires de la Bretagne. Son ouvrage était intitulé : Poèmes des bardes bretons du VIe siècle traduits pour la première fois avec le texte en regard revu sur les plus anciens manuscrits[1]. Il eut un vif succès et fit longtemps autorité.

Aussi ne saurait-on s’étonner que Leconte de Lisle ait eu l’idée d’y puiser un poème, comme à la plus pure source de poésie galloise. Son flair, d’ailleurs, l’a fort heureusement guidé dans son choix. Car la critique contemporaine, qui n’admet plus que la plupart des poèmes attribués aux bardes du VIe siècle puissent être antérieurs au XIe ou au XIIe siècle, ne met pas du moins en doute l’ancienneté des poèmes attribués à Lywarch Hen, et c’est un de ceux-ci que Leconte de Lisle a imité.

Ce poème est une élégie guerrière. C’est une plainte farouche sur la mort d’un chef, tombé pendant les luttes que les Celtes de la Grande-Bretagne soutinrent pour leur indépendance contre les conquérants saxons.

D’après la notice du traducteur, Urien, chef des Bretons de Reghed, c’est-à-dire du Cumberland, aurait, à un moment donné, soutenu presque tout le poids de la guerre ; les confédérés l’auraient choisi pour chef ; en 547, il aurait reçu le choc des Angles, commandés par Ida ; vers 572, il se serait opposé aux efforts de Théodorik, fils d’Ida, l’aurait


  1. Paris, Renouard, 1850.