Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/243

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n’était-il pas obligé d’occuper, pour les maintenir dociles, les populations qu’il avait asservies ? L’occasion vint elle-même le chercher. L’Espagne, qui était depuis 472 sous la domination des Goths, avait pour roi, en 710, Roderic, vingt-quatrième successeur d’Euric. Il avait été élu à la place de Vitiza dépossédé. Les fils de Vitiza se révoltèrent, s’entendirent avec le comte Julien, gouverneur de la Mauritanie gothique, qui, d’après la légende, avait reçu de Roderic une offense personnelle, et Julien appela les Arabes.

Mouça consulta le khalyfe, qui approuva son projet. En 710, il envoya en reconnaissance 500 cavaliers, qui débarquèrent sans difficultés. L’année suivante, le principal lieutenant de Mouça, Thâriq, traversa le détroit, se fortifia sur une hauteur, qu’il appela de son nom Gebal-Thâriq (mont de Thâriq), et brûla ses vaisseaux pour enlever à ses soldats toute idée de retraite. Il prit Cadix et Sidonia, puis marcha contre toutes les forces espagnoles, coalisées sous le commandement du roi Roderic. La bataille eut lieu en 71 1 ou 712, sur les bords du Guadaleté (al-Ouad-al-Lethé), près de Xérès de la Frontera. Elle dura trois jours, quelques-uns disent huit, et elle décida pour de longues années du sort de l’Espagne. Roderic disparut. Les Espagnols affirmera qu’il s’échappa et se réfugia dans un couvent du Portugal. Les Arabes prétendent qu’il périt dans la bataille et que, reconnu à ses insignes royaux, il fut décapité par ordre de Thâriq, qui envoya sa tête à Damas.

Mouça, jaloux de Thâriq, lui enjoignit de l’attendre. C’était compromettre le succès. Thâriq, se laissant forcer la