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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/284

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sauvages, ayant de si frêles barques pour les porter, étrangers à l’astronomie, ne connaissant pas la boussole, aient pu franchir les espaces immenses qui séparent du continent les îles polynésiennes, et celles-ci les unes des autres ? Telles sont les questions que se posait Quatrefages, vivement préoccupé, comme on sait, du problème de l’unité de l’espèce humaine. Et pour y répondre, il fut amené à faire dans un de ses articles toute l’histoire de la race polynésienne.

Cette remarquable page d’histoire était puisée aux sources les plus sûres. Entre autres documents, Quatrefages avait utilisé avec une rare sagacité les traditions qu’avait recueillies un gouverneur de la Nouvelle-Zélande, sir George Grey. Celui-ci, mis à la tête de la colonie en 1845, au moment où les indigènes s’étaient révoltés, avait refusé de réprimer la révolte dans le sang, comme l’avaient fait ses prédécesseurs. Il avait trouvé plus sage de chercher à comprendre les causes de mécontentement de ses administrés. Pour cela, il avait appris leur langue et étudié leurs traditions. Il recueillit ainsi de leur bouche un grand nombre de chants mythologiques ou historiques qu’il publia en 1855 sous le titre de Polynesian mythology and ancient traditional History.

Des textes étudiés par Quatrefages, et en particulier des chants traditionnels des Maoris publiés par sir George Grey, que résulte-t-il ? Que l’histoire des Polynésiens, tout au contraire de ce qu’on avait d’abord supposé, ne fut qu’une longue suite de migrations.

Tantôt, c’était l’esprit d’aventure qui poussait une tribu