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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/286

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Tahiti, de celui des îles Marquises, et, en général, de la langue polynésienne par Goussin[1].)

Dans les terres où ils abordaient, souvent après un très long voyage, souvent après avoir essuyé des tempêtes, les émigrants ne rencontraient parfois pas un seul être humain. Parfois ils avaient la surprise de retrouver des compatriotes venus avant eux dans les mêmes conditions. Il leur arrivait aussi de rencontrer une population noire, installée là depuis peu, après un voyage analogue à celui qu’ils venaient de faire. Quatrefages raconte, d’après un des chants indigènes publiés par George Grey, l’histoire du chef Manaïa : « Arrivé à Rohutu, dit le chant maori, il trouva un peuple qui vivait là ; Manaïa et ses hommes tuèrent ces habitants et les détruisirent. » Quels étaient ces habitants ? Pour répondre avec certitude à cette question, fait observer Quatrefages, il suffit d’examiner les caractères physiques des classes inférieures chez les Maoris : ces caractères accusent une prédominance marquée de sang nègre. Qu’en faut-il conclure, sinon que les indigènes rencontrés par Manaïa étaient des nègres, originaires de la Nouvelle-Hollande ou de la Tasmanie ? La plupart furent massacrés par les nouveaux venus ; les survivants, réduits en esclavage, se fondirent avec la plus basse classe de la population victorieuse.

Les migrations des Polynésiens (qui se faisaient toujours de l’ouest à l’est) ne cessèrent qu’avec leur indépendance. Quatrefages en cite d’assez récentes, par exemple celle qui


  1. Paris, Didot, 1863.