ils tournoient au-dessus de leur nid vide de nourrissons, autour de ce nid où la garde de leur couvée leur a coûté tant de soins inutiles.
L’allusion est claire : car le nid de Ménélas n’a-t-il pas été dépouillé, sinon des petits, du moins de la mère ? Dans les Érinnyes l’image devient purement pittoresque :
Ô chers vieillards, depuis dix très longues années,
Ils sont partis, les Rois des nefs éperonnées,
Entraînant sur la mer tempétueuse, hélas !
Les hommes chevelus de l’héroïque Hellas,
Qui, tels qu’un vol d’oiseaux carnassiers dans l’aurore
De cent mille avirons battaient le flot sonore.
Moins familier, plus pompeux, plus uniforme dans sa
couleur, plus uniforme aussi dans son mouvement, ce
style rappelle surtout celui d’Eschyle par sa plasticité et sa
sonorité. Mais il a ces qualités, si importantes dans la poésie eschyléenne, à un degré merveilleux, et rien, dans
notre littérature dramatique, ne vaut peut-être pour la
grande allure du vers certains couplets des Érinnyes.
S’il est un poète chez qui l’on ne s’étonne" point que Leconte de Lisle ait beaucoup puisé, c’est assurément ce Théocrite qu’il est devenu banal de comparer à nos Parnassiens. Cet amour si vif de la nature qui est comme l’âme de ses idylles, son sentiment du réel, son art épris de concentration qui sait ramasser tant de choses dans un cadre restreint, l’ingéniosité de ses plans, tout attirait vers lui Leconte de Lisle, et notre poète a bien souvent cédé à