autant d’angoisse, du moins avec la même précision, et dans les mêmes termes, le problème dont le héros de Leconte de Lisle demande la solution à Bhagavat : si Bhagavat est tout, comment a-t-il pu vouloir être l’ignorance, être la douleur ?
Vidura dit : Comment les qualités et les actions peuvent-elles s’unir, ne fût-ce qu’en se jouant, à Bhagavat qui est tout esprit et qui est aussi inaccessible au changement qu’aux qualités ?…
Bhagavat, [dis-tu], a créé l’univers à l’aide de sa Mâyâ qui est douée de qualités ; c’est par elle qu’il le conserve et par elle encore qu’il le fera rentrer dans son sein.
Celui qui est en soi une intelligence sur laquelle n’ont d’empire, ni le lieu, ni le temps, ni l’état, ni elle-même, ni rien d’étranger, comment s’unirait-il à l’ignorance ?
C’est Bhagavat, l’Être unique, qui réside, [dis-tu], dans toutes les âmes : d’où viennent donc la misère et la douleur auxquelles les œuvres le condamnent [au sein de l’âme humaine][1] ?
Quand Brahma eut fini, poursuit Leconte de Lisle, l’Esprit suprême fixa sur lui ses yeux d’où naissent les aurores ; du rouge de ses lèvres s’éleva un rire éblouissant, et le ciel tout entier, l’Açvatha et les cygnes, Surya et l’Aurore, les Apsaras, le Fleuve, le Géant lui-même se tinrent attentifs pour écouter
La Voix de l’Incréé parlant à l’Éternel[2].