Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/129

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tens de sa jonece à soi exerciter en ces glorieuses vertuz, il avint après que ausi com il doutoit Dieu, il commanda expressement que tuit cil de son ostel et de sa cort le crainsissent et doutassent, si com toute creature doit fere. Et pour ce que il avoit horror et abomination, seur toutes choses, de glotonies et de horribles sairemenz que cil gloton de dez font sovent en ces corz[1] et en ces tavernes, il comanda que se nus, fust chevaliers, fust autres, fesoit tiex sairemenz en sa cort, que il fust plungiez ou en flueve ou en marchois[2]. Expressement commanda que cist establissement fust fermement tenuz de touz[3].

[4]Après ce que li rois fu coronez, il vint à Paris. Lors commanda à faire une besoigne que il avoit conceue lonc tens devant en son cuer[5], car il avoit oï dire maintes foiz aus enfanz qui estoient norri ovec lui ou palais, que li Juif qui à Paris manoient, prennoient

  1. Latin « in curiis » ; le terme « curiæ », corz, désigne ici les réunions publiques, les réjouissances.
  2. En marchois, en un marais, en un étang ; latin : « in lacu aliquo ».
  3. D’après Guillaume le Breton, ces mesures contre les joueurs et les blasphémateurs auraient été prises en 1181 (éd. H.-F. Delaborde, p. 181, § 22). Le royal ms. 16 G VI, fol. 329 vo, ajoute en marge : « Et se il fu d’enfance plain de toute vertu parfaittement ; autel fu-il en la fin et meillieur par sainte perseverence ; et ce n’estoit pas senz cause, car la vertu de Dieu estoit avecques lui, qui de tout ce le adournoit », traduisant ainsi le latin : « cujus talia erant principia qualis erit finis ! Etenim manus Domini erat cum eo. »
  4. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 6.
  5. « Mais pour la très grant obedience et reverence que il portoit à son pere, pour ce que il ne savoit se seroit contre la volenté son pere, il doubtoit à loy (sic) executer » (royal ms. 16 G VI).