Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/168

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lains[1]. Li rois assist un moult fort chastel qui a non Chastelons[2]. Après ce que il ot sis XV jors[3], il fist tendre et drecier ses perrieres et ses mangonniaus et maintes autres manieres de tormenz[4], et fist crier à l’asaut par grant force. Lors commencierent François à assaillir moult asprement et moult ardiement, li engin à lancier et li serjant à traire. Si fu li assauz si aspres et si perilleus que assez en i ot d’occis et defors et dedenz, et pluseurs navrez. Mais aucun reschaperent par le conseil et par l’aide de cerurgie[5]. A la parfin ot li rois victoire, et tant s’esvertuerent François que li chastel fu pris[6] ; si le reçut li rois et i mist bone garnison de serjanz.

[7]Quant li dux vit que il ne porroit au roi contrester, ne endurer sa force longuement, il ot profitable conseil. A lui vint et li chai aus piez en grant humilité par semblant, et li pria que il eust de lui merci. Li rois qui moult estoit misericors li pardona par tel condi-

  1. « Conculcabatur enim tunc ut populus sic sacerdos. » Rigord.
  2. Châtillon-sur-Seine, Côte-d’Or. Ce fut après avoir levé le siège du château de Vergy que le duc de Bourgogne, Hugues III, s’enferma dans la forte ville de Châtillon afin de pouvoir résister à Philippe-Auguste. La place fut investie au mois de mars 1187 (cf. E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. III, p. 25 et 26).
  3. Rigord dit : « Et evolutis quindecim diebus vel tribus hebdomadibus. »
  4. Tormenz, machines de guerre.
  5. Sur ce siège de Châtillon-sur-Seine, voir la Philippide de Guillaume le Breton, vers  648 à 697.
  6. Ce serait aux environs des fêtes de Pâques, c’est-à-dire autour du 29 mars 1187, que Philippe-Auguste aurait pris et incendié la ville de Châtillon (E. Petit, op. cit., t. III, p. 29).
  7. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 46.