Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/68

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Tur qui sont herbergié près de la cité en bones fortereces les tienent si corz que il ne puent entendre au gaenier[1] lor terres. Nequendant dedenz la cité trove l’on asez quanque mestiers est, car il i a beles fontenes et biaus jardins et aubres qui portent totes manieres de fruiz et biaus liex et delitables. Des blez et des vins i aportent asez li marcheant par la mer, si que il n’i a chierté de riem. Nequendant ele ne pooist mie durer se ele ne se tensat[2] vers les Turs, cui ele rent uns granz treuz chacun an. Li Grezois l’apelent Athalie, dont la montaigne, qui est près d’iluec, et dure dès le mont de Lissodone juques en l’ile de Chipre et est apelée en Grece Athalique. Mais nostre François li midrent non le goufre de Sathelie, et ensint la claime l’on ore communement.

Li rois, quant il ot sejorné une piece, il laissa en la vile sa gent à pié. Ses chevaliers et ses barons prit ovoc lui et se mit en mer. Il laissierent Isaure et Cecile[3] à senestre ; à destre, remet l’ile de Chipre. Bon vent orent, si que ne demorerent gueres que il ariverent au port Saint Symeon[4]. C’est là où li fluns dou Fer[5] qui cort par Anthioche[6] chiet en la mer delez une

  1. Gaenier, labourer.
  2. Se tensat, se défendit.
  3. On a dans le texte latin de Guillaume de Tyr : « Isauriam Ciliciamque a læva deserens », ce qui désigne ainsi l’Isaurie et la Cilicie.
  4. Le port Saint-Syméon est l’ancienne Séleucie (Seleucia Pieria).
  5. Le Fer est le nom donné dans le pays à l’Oronte, suivant Guillaume de Tyr, éd. P. Paris, t. I, p. 132 : « Li ponz estoit seur l’eaue qui a non ez anciennes escriptures Orontes ; mès l’en le claime le Fer eu païs. »
  6. On a dans le texte latin de Guillaume de Tyr : « Fauces