Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/138

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tost après, assambla ledit messire Robert d’Artois, le conte d’Alençon[1], le duc de Bretaigne[2] et tout plain d’autres haus hommes de son linage ; et vint au roy Phelippe et li requist que droit li fust fait de la conté d’Artois. Tantost le roy fist adjourner[3] la contesse à jour nommé contre ledit messire Robert, à laquelle journée elle vint et admena avec li, Edon[4] le duc de Bourgoigne et Loys le conte de Flandres. Là monstra messire Robert unes lettres seellées du sel au conte Robert d’Artois contenans que quant le mariage fu fait de monseigneur Phelippe d’Artois, pere de monseigneur Robert, et de madame Blanche, fille le conte Pierre[5] de Bretaigne, le conte les mist en la vesteure de la conté d’Artois, si comme il estoit contenu es dictes lettres. Quant la contesse vit les lettres, si requist au roy que, pour Dieu, il en vousist estre saisi, car elle entendoit à proposer à l’encontre. Tantost fu dit par arrest que les lettres demourroient devers le roy, et fu remise une autre journée à laquelle la contesse devoit respondre.

Or vous dirai comment ces lettres vindrent à messire Robert d’Artois. Il avoit une damoiselle, gentil-femme qui fu fille le seigneur de Dyvion, de la chastellerie de Bethune[6]. Celle damoiselle s’entremetoit des choses à

  1. Charles II de Valois, second fils de Charles de Valois ; il fut tué à la bataille de Crécy.
  2. Jean III le Bon, fils d’Artur II et de Marie de Limoges ; il mourut le 30 avril 1341.
  3. Les lettres d’assignation sont du 30 août 1330 (Lancelot, op. cit., p. 606).
  4. Eudes IV, duc de Bourgogne (1315-1350).
  5. Il faudrait : « Jean ».
  6. Jeanne de Divion, qui avait épousé Pierre de Broyes (voir sur elle : Lancelot, op. cit., p. 595 et suiv.).