Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/289

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tant pour ce qu’il n’avoient point encore esté en ces parties comme pour ce qu’il n’estoient mie garniz pour resister aus anemis. Et combien qu’il y ait fort chastel, toute voies, les habitanz estoient despourveuz, car il ne cuidoient point que les anemis venissent à ces parties par nulle maniere. Et si tost que ledit conte aprocha de laditte ville, il l’assailli moult forment et asprement, car il avoit grant compaignie et grant force de gens, et dura l’assaut jusques à soleil couchant, pour ce que ceulz de la ville leur resistoient de leur pooir. Lors il demanderent trives au conte, et il leur donna jusques à l’endemain seulement, afin qu’il regardassent et deliberassent s’il li rendroient la ville ou s’il se deffendroient contre li. Toute voies plusseurs de la ville avoient si grant doleur en leur cuer, car plus volentiers deffendissent la ville, se il eussent puissance et garnisons, qu’il ne la rendissent aus anemis. Et noient moins il distrent aus anemis, en audience, qu’il se deffendroient ; pour quoy les anemis furent si yriez car il assaillirent la ville dès le mercredi[1] matin jusques au juesdi[2] à vespres, par plusseurs reposées. Le jeudi à vespres, il ardirent la porte de la ville qui est nommée la porte du cimitiere. Mais tandis que laditte porte ardoit, ceulz de la ville firent par leur soutilleté i mur par dedenz, à l’endroit et en lieu de la ditte porte ; puis après, baillierent trives l’une partie à l’autre jusques à l’endemain. Et ceulz de la ville adonc s’assamblerent à conseil et disoient qu’il ne pourroient mie resister longuement aus anemis. Lors monseigneur Hue Arael, chevalier, se fist mettre hors de la

  1. 30 novembre.
  2. 1er décembre.