Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoit esté rompu, laquelle roupture avoit esté faite, si comme Dieu scet, afin que le roy d’Angleterre ne peust eschaper sanz soy combatre contre le roy de France. Et quant le roy oy les nouvelles du pont de Poyssi qui estoit reparé et de son anemi qui s’en estoit fui, si en fu moult dolent et s’en parti de Paris et vint à Saint Denis atout son ost, la vigile de l’Assompcion Nostre Dame. Et n’estoit memoire d’omme qui vit, que depuis le temps Charles le Chauve qui fu roy et emperere, le roy de France venist à Saint Denis en France en armes et tout prest pour bataillier. Quant le roy fu à Saint Denis, si celebra ylec la feste de l’Assompcion moult humblement et très devotement, et manda au roy d’Angleterre par l’arcevesque de Besenson[1], pourquoy il n’avoit acompli ce qu’il avoit promis. Lequel respondi frauduleusement, si comme il apparut par après, car quant il se vouldroit partir il adresceroit son chemin par devers Monfort[2]. Oye la response frauduleuse du roy d’Angleterre, si ot le roy conseil qui n’estoit mie bien sain ; car en verité il n’est nulle pestilence plus puissant de grever et de nuire qu’est celui qui est anemi et se fait ami familier. Si s’en parti le roy de Saint Denis et passa derechief par Paris dolent et angoisseux, et s’en vint à Antoigny[3] oultre le Bourc la Royne[4], et ylec se loga le mercredi[5]. Et tandis le roy d’Angleterre faisoit refaire le pont de Poyssi

  1. L’archevêque de Besançon était alors Hugues V de Vienne.
  2. Montfort-l’Amaury, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, ch.-l. de cant.
  3. Antony, Seine, arr. et cant. de Sceaux.
  4. Bourg-la-Reine, Seine, arr. et cant. de Sceaux.
  5. 16 août.