Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/80

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tout ce que on li avoit donné entendant estoit faux ; c’est à savoir que les François eussent esté pris ne mis à mort en Angleterre. Et pour ce fist le roy de France tantost delivrer et metre hors de prison touz les Anglois ; mais de ceulz qui estoient riches leurs biens furent confisquiez ; ouquel fait touz les preudommes du royaume de France furent courrouciez et troublez et escandaliziez ; car au roy et en ses conseilliers apparut clerement la mauvaise tache et l’ort vil pechié d’avarice et de convoitise, dont plusseurs disoient et avoient, ce sambloit, cause[1] que les Anglois avoient esté plus pris pour prendre leurs escheoites que pour vengier l’injure et la vilenie du royaume.

La royne d’Angleterre qui avoit sejourné une espace de temps à Pontigni[2], se pensoit comment elle peust bonnement passer en Angleterre sanz domage et peril que elle y eust, ne son filz ne sa gent aussi, quar le roy d’Angleterre, par mauvais conseil, especiaument par messire Hue le Despensier[3], lequel estoit trop mal meu contre elle, si avoit mandé le roy par touz les pors d’Angleterre, que se elle y arrivoit, que elle fust prise comme celle qui avoit péchié ou crime de lese majesté. Et pour ce, la royne sachant la volenté du roy son seigneur, prist en sa compaignie messire Jehan de Haynau[4], noble chevalier et puissant en

  1. Cause, motif.
  2. Il faudrait : « en la conté de Pontieu ».
  3. Hugue Spenser avait succédé à Gaveston dans les faveurs d’Édouard II.
  4. Jean de Hainaut, frère de Guillaume Ier, comte de Hainaut. Pendant le séjour d’Isabelle à la cour de Hainaut eurent lieu les fiançailles de son fils Édouard III, âgé de quatorze ans,