Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/283

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Le desordre n’a peu durer ;
Vos étendards sont notre proie,
Vos flammes sont nos feux de joie,
Le Roi triomphe du malheur ;
Et jamais on n’a vu monarque
Qui gravât de meilleure marque
Son jugement ni sa valeur.

La trahison confuse et blême
Ne sait plus sur quoi ravager ;
Le Roi a mis tout ce qu’il aime
Loin de la honte et du danger.
Il a réprimé la licence
Dont on pressait son innocence ;
Et ses desseins laborieux,
Qui ne vont point à l’aventure,
Ont fait voir que sa créature
Etait aussi celle des dieux.

Dans nos victorieuses armes,
Si la clemence l’eust permis,
Et plus de sang, et plus de larmes,
Eussent marqué ses ennemis ;
Et dirois bien à quels supplices
S’attendoient leurs noires malices,
Mais il est las de les punir,
Il est honteux de leur diffame,
Et seroit fasché que son ame
En eust gardé le souvenir.

Il suffit que la paix est ferme,
Que ces esprits audacieux
Ont enfin achevé le terme
De leurs complots seditieux :
Il suffit que rien n’importune
Ny sa vertu, ny sa fortune,
Que le ciel rit à son plaisir,
Que la gloire a lassé l’envie,