Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/301

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Te donnent de nouveaux accez
À des felicitez plus grandes,
Et qu’en fin les plus enragez,
À ta devotion rangez,
Te viennent payer des offrandes !



À MONSIEUR DE MONTMORENCY[1].

ODE.


Lorsqu’on veut que les Muses flattent
Un homme qu’on estime à faux,
Et qu’on doit cacher cent deffaux
Afin que deux vertus esclattent,
Nos esprits, d’un pinceau divers,
Par l’artifice de nos vers,
Font le visage à toutes choses,
Et dans le fard de leurs couleurs,
Font passer de mauvaises fleurs
Sous le teinct de lys et des roses.

Ce vagabond, de qui le bruict
Fut si chery des destinées,
Et si grand que trois mille années
Ne l’ont point encores destruict,
Avecques de si bonnes marques
N’eust foulé la rigueur des Parques,
Ny peuplé le pays latin,
Si depuis qu’on brusla sa ville
Auguste n’eust prié Virgile
De luy faire un si beau destin.

  1. Henri II, duc de Montmorency, né à Chantilly le 30 avril 1595, décapité à Toulouse le 30 octobre 1632.