Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/335

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Son cœur, dans cet effort sauvant son innocence,
Languit pour mon subject,
Et donne ses souspirs sans doute à mon absence,
Plustost qu’à son object.
Un rival me traverse ; elle, qui s’en afflige,
Se defferoit de luy ;
Mais la condition de ce fascheux l’oblige
De souffrir avec luy.
Cet amant importun, dont elle est offencée,
Pese à son entretien,
Et recognoist assez qu’elle a dans la pensée
Autre feu que le sien.



STANCES.


Mon esperance refleurit,
Mon mauvais destin pert courage
Aujourd’huy le soleil me rit
Et le ciel me fait bon visage.

Mes maux ont achevé leur temps,
Maintenant ma douleur se range,
À la fin mes vœux sont contens :
Amour a ramené mon ange.

Dieux, que j’ay si souvent priez,
Sans me vouloir jamais entendre,
Je vous ay bien injuriez
D’estre si longs à me la rendre.

J’excuse votre cruauté ;
Je perds le soing de vous desplaire :
Le retour de ceste beauté
A finy toute ma cholere.