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Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 2.djvu/41

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Mesme en célébrant vos vertus,
Nos visages sont abatus
Et nos âmes mélancoliques ;
Vos exploicts, qu’on nous faict ouyr,
Ne peuvent sans nous resjouyr
Vous donner de la renommée,
Et ne peuvent sans nous fascher
Exposer au sort de larmée
Un roy que nous avons si cher.
Dans ce sanglant mestier des armes
Où vos bras sont trop exercez,
D’autant de sang que vous versez
Le peuple verse icy des larmes
Le démon ennemy du jour,
Noyant les astres de la cour
Dans l’horreur de ses fleuves sombres,
Partage vostre estât aux morts
Et bastit l’empire des ombres
De la ruine de nos corps.
Si les fureurs estoient hardies
A ce poinct que leur cruauté
Attaquast vostre Majesté
De leurs funestes maladies.
Quelle si secourable main
Peut fournir le secours humain.
Ou quelle assistance divine
Vous pourroit si soudain guérir,
Que la peur de nostre ruine
Ne nous eust plustost fait mourir ?
Revenez au sein de la France ;
C’est où les astres les plus doux
Encore pour l’amour de vous
Adouciront leur influence ;
Tous les plus gracieux climats.
Qui sans gresles et sans frimats