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Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 2.djvu/66

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Au visage que vous aurez,
De revoir l’Amour et les Grâces
Et d’en aller baiser les traces
Sur le fard dont vous userez.
Mais aujourd’huy, belle Perside,
"Vos jeunes yeux seront tesmoins
Qu’il faut un siècle pour le moins
Pour vous amener une ride.
L’Aurore, qui dedans mes vers
Voit apprendre à tout l’univers
Que vostre beauté la surmonte.
Arrachant de ses beaux habits
Et les perles et les rubis,
Elle pleure et rougit de honte.
Elle n’est point rouge au matin.
D’autant que Titon l’a baisée.
Et ne verse point sa rosée
Pour la marjolaine et le tin.
La rougeur qui paroist en elle.
C’est de voir Perside trop belle.
Et l’humidité de ses pleurs,
Quoy que chante la poésie,
Ce sont des pleurs de jalousie
Et des marques de ses douleurs.


ELEGIE.


Depuis ce triste jour qu’un adieu malheureux
M’osta le cher object de mes yeux amoureux,
Mon ame de mes sens fut toute des-unie.
Et, privé que je fus de vostre compagnie.
Je me treuvay si seul avecques tant d’effroy
Que je me crus moy-mesme estre esloigné de moy.