Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/13

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La définition de chacune des divisions énoncées se déduit d’elle-même ; nous ne nous y arrêterons pas davantage ; nous ferons seulement une subdivision pour les marais d’eau salée, nous les distinguerons en marais salés et en marais salants, encore nommés salines ; ceux-ci sont artificiels et creusés par la main de l’homme, ceux-là se sont formés spontanément et sont le plus souvent insalubres.

Les marais mixtes sont ceux qui sont formés par le mélange des eaux douces avec les eaux salées, ce sont en général les plus nuisibles. La nocuité de ce mélange était depuis longtemps connue à Venise, car, dès 1457 la république s’était proposé l’assainissement de la ville par le détournement des eaux fluviatiles qui versaient leur pernicieux tribut dans la lagune. Les travaux que firent opérer l’institut lombard-vénitien et Bernardino Zendrini qui, en 1740, effectua l’assainissement du Viareggio par la séparation des eaux douces et des eaux de la mer, rendirent à Venise toute la salubrité désirable. Les maremmes toscanes ont encore ressenti les bons effets des écluses construites pour produire cette séparation ; de pareilles observations peuvent être répétées chaque jour.

Pendant longtemps les marais salants ont été regardés comme les plus pernicieux ; mais c’est une erreur, et M. Mélier a démontré combien cette opinion était peu fondée. Si les marais salants naturels ou marais salés proprement dits, abandonnés à eux-mêmes, sont des foyers d’émanations, dans les marais salants bien exploités, bien établis et dégagés de leurs eaux croupissantes, les plantes sont continuellement détruites, l’eau se renouvelle sans cesse et parcourt de longs canaux sinueux pour arriver dans le dernier bassin où elle s’évapore et dépose les sels qu’elle renferme en dissolution ; aussi cette eau ne permet ni le développement des